WEEKEND
Court instant que le week-end. Vendre des bières et deux bouts de steak à peine cuits, cloisonnés dans un pain sec bon marché. Les mains collées dans des gants de latex poudrés, qui laissent après usage comme des traces laiteuses qui ne veulent s'en aller. Un métro, puis deux, puis trois. Rentrer chez soi, envahir un ami de mots qui chahutent, parce qu'on ne communique plus que par flots ponctuels. Louper la nuit blanche parisienne parce qu'on se retrouve seul et que l'envie s'est barrée. Un lit comme un nid, pour une nuit un peu plus longue que d'habitude.
Un dimanche de papiers, de banque et de sécurité sociale, rappelé à l'ordre par une vie fonctionnelle. Un après-midi Lars Von Trier, trois heures plongées dans les yeux de Nicole Kidman, à s'éprendre, se dégouter, se crisper. Enfin, manger un bout de lapin sec et filandreux. Court instant que le week-end, tout pareil à ces réveils qui transforment une nuit en quelques heures égarées.